Activités, produits et marchés
Les ventes de bois des forêts publiques en 2022
Résumé
Dans un contexte économique très dynamique et complexe, et malgré une moindre mobilisation en volume, le chiffre d’affaires bois des forêts publiques de métropole dépasse 661 millions d’euros en 2022, avec un prix moyen apparent accru de 36 % (59,9 € par m3). Le prix du Chêne progresse fortement, tiré davantage par le merrain que par les autres qualités, comme celui des résineux blancs néanmoins affecté à l’automne par la baisse du marché de la construction. Le secteur merrain valorise la futaie régulière de Chêne dont les savoirs et savoir-faire viennent d’être inventoriés au Patrimoine culturel immatériel (PCI) de la France en juin 2022. Le Hêtre et les Pins bénéficient également de hausse, ainsi que le bois énergie. 40 % des volumes vendus sont fournis en contrats d’approvisionnement, en progression de 5 %.
Messages clés :
• En 2022, le contexte a été très dynamique bien que complexe.
• Le prix moyen du m3 a augmenté de 36 %.
• Le secteur merrain et bois énergie ont été particulièrement en hausse.
• La vente en contrat d’approvisionnement a augmenté de 5 %.
Abstract
In a highly dynamic and complex economic context, and despite lower volumes, the turnover of mainland public forest woods was more than 661 million euros in 2022, and the mean apparent price increased by 36% (€ 59.9 per m3). The price of oak increased substantially, mainly driven by stave wood compared to the other grades. The price of white softwoods increased too, even if they were affected by the decline of the construction market in autumn. The stave wood sector valorises the regular high forests of oak, whose knows and know-hows were listed as part of the French Immaterial cultural heritage (“Patrimoine culturel immatériel”; PCI) in June 2022. Beech and pines also benefited from the price increase, together with fuelwood. Forty percent of the sold volumes provided for supply contracts, representing a 5% increase.
Highlights:
• In 2022, the context was very dynamic, even though complex.
• The mean price per m3 increased by 36%.
• The stave wood and fuelwood sectors increased sharply.
• The supply contract sales increased by 5%.
Introduction
L’année 2022 est marquée par un contexte économique très dynamique et complexe, surtout au premier semestre, avec une surchauffe économique post-Covid initiée en 2021, un commerce international chamboulé par les tensions géopolitiques accrues et le conflit russo-ukrainien, puis par la crise de l’énergie au second semestre. Tous ces facteurs ont créé une reprise de l’inflation et une demande importante de bois en France dans de nombreux secteurs, même si un ralentissement intervient en fin d’année.
Le marché du merrain, après deux années moroses de crise sanitaire Covid, montre une forte croissance, comme les secteurs de l’emballage, de l’exportation de grumes et sciages, et du bois énergie. La construction se maintient globalement, surtout grâce à la rénovation, avec des prix haussiers, et l’ameublement est stable.
Le prix des bois augmente fortement en forêt publique, surtout pour le Chêne tiré plus par le merrain que par le sciage en 2022, ainsi que pour les résineux blancs avec la forte demande mondiale au premier semestre et la fin de l’importante crise scolytes 2019-2021.
Malgré des volumes mobilisés en baisse de 9 %, les recettes de bois des forêts publiques augmentent de 23 % et atteignent un record en euros courants mais pas en euros constants.
Enfin, les contrats d’approvisionnement se développent toujours en volume, même avec peu d’épicéas scolytés. Leurs prix sont moins fluctuants qu’en ventes par soumissions, mais la concordance des prix est assurée sur le long terme. Ces contrats sécurisent les industries du bois et leurs emplois généralement ruraux, ainsi que les recettes des propriétaires, État et communes forestières en particulier.
L’environnement économique
Un environnement très dynamique et complexe
• Économie générale
Après une année 2021 exceptionnelle, la croissance ralentit en 2022 sous l’effet de l’inflation et du conflit russo-ukrainien. Elle est d’environ 3 % au niveau mondial, comme dans l’Union européenne et en France (2,6 % selon l’Insee). Chez nos voisins, l’Espagne et l’Italie nous devancent, alors que la Suisse, la Belgique, le Royaume-Uni et l’Allemagne sont en retrait. Avec 4,6 %, la croissance chinoise marque le pas en raison de ses restrictions liées au Covid et des confrontations géopolitiques. La Chine reste leader sur les marchés mondiaux du bois (meubles, papier, contreplaqués, parquets), mais trois autres pays du Sud-Est asiatique (Vietnam, Indonésie, Malaisie) y gagnent en influence, avec une croissance majorée.
Le commerce international s’accroît de 3 % mais, après l’envolée du prix du fret maritime en 2021, des surcapacités de transport et une réduction de la demande ont conduit à un effondrement des prix du fret maritime. Cela a facilité l’exportation des bois et sciages.
La consommation d’énergie mondiale est tirée par la croissance et le transport. Sa hausse en 2022 est de 2 %, avec des variations entre les secteurs. Le gain maximal est pour les énergies renouvelables (3,5 %), devant le pétrole (2,6 %), l’électricité (2,5 %) et le charbon (+ 1,2 %) alors que le gaz régresse légèrement (– 0,5 %) en raison du conflit russo-ukrainien.
Le prix moyen annuel du Brent (101 $) s’accroît de 42 % et atteint son maximum depuis les années 2011 à 2013. Si cette hausse de prix renchérit les coûts d’exploitation et de transport des bois, elle encourage aussi le secteur des énergies renouvelables dont le bois énergie.
Parallèlement, l’euro baisse (– 11 % à 1,05 $) à son plus faible niveau depuis 20 ans, ce qui favorise nos exportations hors Union monétaire, en particulier de tonneaux et de sciages.
• La demande en bois d’œuvre pour la construction
Aux États-Unis, la construction de logements résidentiels qui était au plus haut en 2021 régresse de 22 % à 1,4 million d’unités résidentielles mises en chantier, sous l’effet de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt. Il s’ensuit une baisse annuelle de prix des bois de charpente (– 8 %) et de panneaux (– 18 %), avec des valeurs atteignant des sommets au premier trimestre puis diminuant des deux tiers en fin d’année. En France, on observe une érosion des mises en chantier (– 4 % à 376 000 logements), pas encore visible sur les maisons individuelles (+ 1 %) qui atteignent ainsi 44 % du total. La rénovation reste très dynamique, encouragée par les transactions de logements anciens, à un niveau de 1 109 000 unités (– 5 %), restant proche du record historique de 2021.
L’activité bâtiment dans son ensemble est restée soutenue (+ 2 %), et la fabrication de charpente et menuiserie est stable sur l’année 2022.
Face à ces besoins en bois restant élevés, la production nationale de sciages résineux se réduit un peu avec la fin des bois scolytés. Il en est de même des importations de sciages résineux (– 7 % en volume) dont le prix moyen annuel baisse aussi de 7 %.
Pour le parquet, l’année 2022 est contrastée. Après un bon premier trimestre, une baisse croissante au second semestre conduit à un repli annuel de 12 % en volume. Ceci s’explique par la forte hausse de leur prix, conjuguée à la stagnation du pouvoir d’achat et à la montée des taux d’intérêt. Ce même constat intervient dans de nombreux pays européens.
• Les secteurs de l’ameublement
Après une année 2021 post-Covid de forte reprise, le marché de l’ameublement domestique progresse de 2 % en valeur à 14,9 milliards d’euros. Le secteur du meuble habituel (salon-salle à manger, chambre hors literie, rangement) dit « meuble meublant » gagne 4 % et représente 33 % du total ; ceux de la cuisine intégrée et du siège dit « rembourré » évoluent de + 1 % et pèsent respectivement pour 28 % et 18 % du total. Le secteur de la literie est stable à 13 % du total. Enfin, concernant les marchés plus petits de meubles (8 % en tout), le secteur du jardin progresse de 5 % contre 2 % pour celui de la salle de bains.
La production française et les importations se consolident (– 2 %), les exportations progressent de 1 %. Le déficit commercial du secteur « meubles et sièges en bois » se tasse (– 3 %) à 3,4 milliards d’euros : il est pour moitié porté par trois pays (Chine, Italie et Allemagne) et représente 36 % du déficit de la filière bois (9,5 milliards d’euros, + 10 %).
• Le secteur merrain et tonneaux
Année faste pour ce fleuron du commerce extérieur de la filière bois, avec un excédent commercial de 465 millions d’euros (+ 33 %). Il valorise à merveille la futaie régulière de Chêne dont les savoirs et savoir-faire viennent d’être inventoriés au Patrimoine culturel immatériel (PCI) de la France en juin 2022. Après deux années de crise Covid où la demande était réduite par les fermetures de restaurants et bars, ainsi que les restrictions de rassemblement, un rattrapage vigoureux s’est effectué. Pourtant, les vendanges en France ont été médiocres en Bordeaux et Cognac, mais satisfaisantes en Bourgogne. La valeur des exportations, à 512 millions d’euros (+ 34 %) est un nouveau record. Les douze principaux pays d’exportation sont par ordre décroissant : les États-Unis, loin devant l’Espagne, l’Italie, l’Australie, le Chili, l’Afrique du Sud, la Chine, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Argentine et l’Allemagne.
• Les secteurs de l’emballage et du bois d’industrie
Pour le secteur de l’emballage, la production s’est encore accrue de 20 % en 2022 après une hausse de plus de 50 % en 2021. À la forte reprise post-Covid, s’est ajoutée la chute des importations d’Europe de l’Est due au conflit russo-ukrainien. Le prix des bois à palettes a ainsi gagné 75 % en deux ans. Ce secteur consomme 2,5 millions de m3 de sciages, avec des prix d’achat des grumes en hausse soutenue, se rapprochant de la qualité charpente.
La production française de papier faiblit de 4 % à 7,1 millions de tonnes, alors que la consommation est stable à 8,4 millions de tonnes. La production de pâte s’érode de 4 % à 1,5 million de tonnes. Les segments de l’emballage en carton et des papiers graphiques perdent respectivement 3 et 10 %, alors que celui de l’hygiène regagne 4 %. Parallèlement à cette baisse des volumes produits qui atteint 20 % depuis 2010, les prix ont flambé au niveau international. C’est pourquoi, les importations du secteur « pâtes, papiers et cartons » croissent de 34 % en valeur, contre 25 % pour les exportations, et le déficit commercial du secteur bondit de 57 % à 3,9 milliards d’euros.
Le tonnage de bois livré aux usines de pâte perd 1 %, à 6 millions de tonnes réceptionnées, avec une proportion de 73 % de rondins pour 27 % de produits connexes de scierie (– 11 %) dont le prix moyen a fortement augmenté (+ 41 % contre + 20 % pour les rondins).
Par rapport à 2021, la production de panneaux décroît de 6 % à 4,4 millions de m3, non compris le contreplaqué (– 4 % à 260 000 m3). Les trois produits : panneaux de particules, MDF (medium density fiberboard) et OSB (oriented strand board) subissent la contraction du marché de la construction et de l’activité en général, ainsi qu’une envolée des prix (+ 27 %). En volume, les ventes domestiques décroissent de 16 % sur les trois produits et les exports augmentent de 2 %. En valeur, les exportations (+ 29 %) progressent plus que les importations (+ 10 %), ce qui réduit le déficit du secteur de 24 % à 366 millions d’euros.
L’approvisionnement en bois (2,9 millions de tonnes sèches) baisse de 6 %. Il comprend 49 % de rondins, 15 % de connexes et 36 % de bois recyclés. En bois vert, la proportion de feuillus est en légère augmentation à 32 %.
• Les secteurs du bois énergie
Au niveau climatique, l’année 2022 est la plus chaude jamais enregistrée en France, avec le huitième hiver le plus doux. Néanmoins, la surchauffe post-Covid de l’économie mondiale et le conflit ukrainien ont favorisé l’achat de bois énergie en complément ou en remplacement des combustibles fossiles et de l’électricité. La consommation de bois énergie s’en trouve accrue, surtout au second semestre, avec des hausses modérées de prix sur les bûches et les plaquettes, devenant fortes et spéculatives sur les granulés : ce marché bénéficie de 3 nouvelles unités, soit 70 usines en tout produisant 2,1 millions de tonnes (+ 15 %). La consommation française de granulés atteint 2,5 millions de tonnes (+ 5 %) traduisant une demande d’importation raréfiée par le conflit russo-ukrainien, deux pays gros producteurs et exportateurs de « pellets » vers l’Europe en 2021.
En 2022, 7,5 millions de ménages se chauffent au bois, dont 1,7 avec des granulés. La demande en plaquettes est aussi soutenue pour les besoins industriels et des collectivités.
• L’exportation de sciages et de grumes
L’exportation de sciages gagne 12 % à 539 millions d’euros. Ceci s’explique par une demande mondiale diversifiée et un euro faible face au dollar. Cette croissance est portée par le Chêne (+ 16 % à 206 millions d’euros), le Hêtre (+ 26 % à 48 millions d’euros) et les autres feuillus (+ 77 % à 39 millions d’euros) alors que les résineux sont plutôt stables (+ 1 %) à 242 millions d’euros, avec la fin de la crise Scolytes (baisse en résineux blancs compensée par une hausse en résineux rouges). Le calcul en volume réalisé par FrenchTimber donne en millions de m3 : 0,82 pour les résineux (– 9 %), 0,25 pour le Chêne (+ 9 %) et 0,14 pour le Hêtre (+ 16 %).
L’exportation de grumes s’accroît de 37 % à 512 millions d’euros, avec + 59 % sur le Chêne à 189 millions d’euros, + 24 % sur le Hêtre à 31 millions d’euros, + 25 % sur les autres feuillus à 133 millions d’euros, et + 11 % sur les résineux à 93 millions d’euros. Les volumes de grumes importées par la Chine (données Douanes chinoises) sont analysés par FrenchTimber. En 2022, les volumes en millions de m3 concernant la France (et leur évolution annuelle) sont les suivants : 0,55 pour le Chêne (+ 30 %), 0,54 pour les résineux (– 43 %) et 0,14 pour le Hêtre (+ 32 %). La part de marché de la France sur ces importations chinoises est de 42 % pour le Chêne, 21 % pour le Hêtre et de 2 % pour les résineux. Dans le cas du Chêne, ces exportations lointaines conjuguées à la baisse de l’offre (divisée par deux en 50 ans) sont dommageables pour l’approvisionnement en bois dans la filière.
Pour préserver la valeur ajoutée et les emplois dans le secteur de la transformation du Chêne, l’ONF réserve ses lots de Chêne majoritaires en ventes par soumissions à des clients labellisés UE (bois produits et transformés en Union européenne) depuis 8 ans. En complément, des contrats d’approvisionnement sont proposés pour les qualités ordinaires.
Une mobilisation répondant à la demande variable selon les produits
• Les volumes mobilisés diminuent
Les volumes de bois mobilisés (vendus ou délivrés) en 2022 dans les forêts publiques s’élèvent à 12 millions de m3 commerciaux (12,6 millions de m3 en équivalent bois sur pied, EBSP). 4,6 millions de m3 (4,8 en EBSP) proviennent des forêts domaniales et 7,4 millions de m3 (7,7 en EBSP) des forêts des collectivités (dont 1 délivré au titre de l’affouage) (tableau 1).
Par rapport à 2021, ces volumes mobilisés se replient de 9 % globalement, de 12 % en forêt domaniale et de 7 % en forêt des collectivités, avec la fin de la crise Scolytes (2019-2021).
À noter que les volumes mis en vente s’élevaient à 12,9 millions de m3 (dont 4,9 en forêt domaniale et 8 en forêt des collectivités) et les volumes désignés à 12,5 millions de m3 (dont 5 en forêt domaniale et 7,5 en forêt des collectivités). Enfin, les volumes délivrés en affouage s’érodent de 2 % en 2022, mais leur baisse cumulée depuis 2012 (maximum) atteint 34 %.
Tableau 1 La mobilisation des bois en forêt publique en 2022 (en milliers de m3)
• Analyse par essence
Avec 1 million de m3 (volume tige), la mobilisation du Chêne baisse de 9 %. Elle diminue moins sur les gros bois (– 6 %) qui bénéficient d’une demande forte en sciages et en merrain, que sur les bois moyens (– 16 %) et petits (– 13 %), dont les besoins sont moindres. La demande est restée bonne pour la charpente en particulier vers l’Angleterre, la menuiserie et la traverse de chemin de fer ; elle s’est affaiblie pour le parquet et la traverse paysagère.
Pour le Hêtre, les volumes mobilisés en 2022 (1,3 million de m3) sont quasiment stables (– 1 %). Cette situation s’applique aux gros bois (– 1 %), aux bois moyens (– 3 %) et aux petits bois (– 2 %). Elle intervient avec des débouchés à l’export consolidés en bois d’œuvre et une demande française soutenue en bois énergie et en emballage (palettes et caisserie).
Avec 2,6 millions de m3, la mobilisation des résineux blancs chute de 22 % avec la fin de la crise Scolytes. Ainsi, la baisse est forte sur l’Épicéa (– 33 %) et modérée sur le Sapin (– 7 %) dont le dépérissement s’accroît. La récolte de gros sapins en montagne a progressé grâce aux investissements réalisés dans plusieurs grandes scieries.
Pour les résineux rouges (Pins, Douglas et Mélèze), les volumes mobilisés en 2022 perdent modestement 1 % à 1,4 million de m3, avec des différences notables entre essences. Les Pins, sylvestre (+ 9 %) et maritime (+ 12 %), bénéficient de la fin de la crise Scolytes, mais pas les autres résineux (– 8 %), les besoins en Douglas s’étant effondrés (son prix avait fortement augmenté et sa demande à l’exportation s’est arrêtée, aux États-Unis notamment). L’afflux de bois incendiés dans les Landes accroît aussi la mobilisation du Pin maritime.
Figure 1 Volumes mobilisés pour les principales essences (en milliers de m3)
Un chiffre d’affaires exceptionnel avec des évolutions fortes de prix
• Forte hausse du chiffre d’affaires bois des forêts publiques
Le prix unitaire moyen apparent des bois des forêts publiques françaises croît de 36 % en 2022 à 59,9 € par m3. Ceci s’explique par la forte dynamique de prix du bois d’œuvre (Chêne et résineux blancs devant résineux rouges et Hêtre). La légère hausse du taux de bois façonnés vendus (+ 1 %) n’y contribue qu’à la marge.
Aux ventes d’automne, le prix moyen s’établit à 82,3 € par m3, en progression de 34 %. La tendance est similaire sur l’année entière, pour l’ensemble des ventes sur pied, avec + 31 %, mais avec un prix moyen très inférieur à celui d’automne (53,4 € par m3).
Le chiffre d’affaires bois des forêts publiques augmente de 23 % en 2022, sous l’impulsion du prix unitaire, malgré des volumes vendus en baisse. Il s’élève à 661,1 millions d’euros (pour les volumes comptabilisés sur l’outil interne D1-8 en métropole). S’il s’agit d’un record en euros courants, il est bien en dessous des recettes de bois des années 1970 en euros constants, lorsqu’on tient compte de l’érosion monétaire liée à l’inflation.
Il s’établit à 308,9 millions d’euros en forêt domaniale, en hausse de 21 % (+ 53,2 M€). Les principaux contributeurs sont de loin le Chêne (41 %) devant les résineux blancs (15 %), les résineux rouges (12 %) et le Hêtre (9 %).
Les recettes bois des collectivités sont de 352,3 millions d’euros, en progression de 25 % (+ 69,5 M€). Les principaux contributeurs sont les résineux blancs et le Chêne (30 % chacun) devant les résineux rouges (13 %) et le Hêtre (10 %).
Tableau 2 Le chiffre d’affaires bois des forêts publiques en 2022 (en millions d’euros)
• Des évolutions de prix variables selon les essences et les produits
Le prix moyen apparent du Chêne augmente de 54 % en 2022 (et de 49 % aux ventes d’automne). Cette progression est moindre sur les petits bois (+ 35 %) et les bois moyens (+ 42 %) que sur les gros bois (+ 51 %). Le Chêne est plus que jamais le fleuron du bois français, alimentant de nombreux marchés. Son prix a triplé en 16 ans en forêt publique, hausse portée par la recherche des qualités supérieures, en plot, en merrain et en beaux sciages. En 2022, les qualités ordinaires et inférieures sont aussi demandées en France et à l’export à des prix croissants, hausse constatée également aux États-Unis qui portent le premier marché mondial des Chênes blancs et rouges.
Le prix moyen apparent du Hêtre gagne 19 %, sur l’année et plus aux ventes d’automne (+ 25 %). Sur 2022, la hausse est de 18 % sur les gros bois, un peu plus sur les petits bois et les bois moyens (+ 23 %). Aux ventes d’automne, la forte demande en bois bûche conduit à maximiser la hausse des petits bois (+ 48 %) et celle du taillis (+ 73 %). Le prix élevé du bois énergie à l’export vers l’Allemagne, le Bénélux et l’Italie se rapproche, voire dépasse parfois le prix du bois d’œuvre, avec des besoins nouveaux liés à la crise énergétique. Pour le sciage, la demande à l’exportation est forte et variée (pays riverains, Maghreb, Asie), avec des prix en hausse modérée ; la dynamique est assez bonne pour les caisses et l’emballage, et stable pour la menuiserie (escalier en particulier). Le déroulage s’enrichit de nouveaux débouchés, comme les couverts et assiettes en bois, en remplacement des plastiques à usage unique désormais interdits. Malgré des conditions météorologiques du printemps et de l’été 2022 favorables au dépérissement du Hêtre, celui-ci s’est poursuivi à un rythme ralenti, affectant moins le prix moyen qu’en 2021. Le prix des bois façonnés de classe 3 et plus s’accroît de 11 % à 70 €/m3.
Le prix moyen apparent des résineux blancs augmente de 46 % en 2022, plus fortement sur l’Épicéa (+ 51 %) que sur le Sapin (+ 37 %) comme en 2021. En effet, les attaques de scolytes sur Épicéa se sont raréfiées alors que le dépérissement du Sapin s’est accentué, avec une nouvelle sécheresse estivale impactante dans le Jura en particulier. Par ailleurs, la demande de bois frais pour la construction et l’exportation était forte au premier semestre, puis elle s’est fortement réduite. C’est pourquoi, aux ventes d’automne, on observe des prix stables sur un an pour le Sapin et en hausse de 14 % pour l’Épicéa. Ce dernier étant plus prisé en construction que le Sapin, il vaut à nouveau 15 % plus cher, comme avant la crise des scolytes. Le prix des bois façonnés, très largement contractualisés, regagne 41 % à 76 €/m3.
Le prix moyen apparent des résineux rouges (Pins, Douglas et Mélèze) croît de 20 % sur l’année, sans différence entre espèces (+ 20 % pour Douglas-Mélèze, + 21 % pour Pin maritime et Pin sylvestre). La hausse des Pins s’explique jusqu’en été par la bonne conjoncture de l’emballage ainsi que la fin des approvisionnements concurrents en bois scolytés. Pour le Douglas, après une très forte hausse internationale en début d’année, la demande est devenue atone avec des prix dégradés sur de faibles volumes. À l’automne, le ralentissement de la demande conduit à une certaine stabilité des prix (+ 3 % pour le Pin sylvestre, – 5 % pour le Pin maritime, – 2 % pour Douglas-Mélèze). Le prix moyen annuel des bois rouges façonnés s’accroît de 20 % à 83 €/m3, en lien quasi exclusivement avec les contrats d’approvisionnement.
Figure 2 Évolution des prix des principales essences feuillues aux ventes d’automne (en euros courants par m3)
Figure 3 Évolution des prix des principales essences résineuses aux ventes d’automne (en euros courants par m3)
La commercialisation des bois issus des forêts publiques
Les modes de vente
En 2022, 59 % des volumes vendus sont en « bois sur pied » (46 % en bloc et 13 % à la mesure) et 41 % sont en « bois façonnés » (6 % en bloc et 35 % à la mesure).
Les ventes de gré à gré simples qui incluent les contrats d’approvisionnement représentent 51 % du volume mobilisé, les ventes par soumission 41 %, le solde (8 %) étant délivré aux collectivités pour l’affouage ou l’autoconsommation.
Figure 4 Évolution des modes de ventes de bois de l’ONF (en proportion de volume)
Les contrats d’approvisionnement
• Une année supplémentaire de croissance
Les volumes vendus en contrats d’approvisionnement progressent de 5 % en 2022. Ils totalisent ainsi 4,59 millions de m3 (en EBSP), soit 40 % du total vendu. Ces volumes proviennent pour 2 837 000 m3 des forêts domaniales (+ 7 %), et pour 1 756 000 m3 des forêts des collectivités (+ 3 %). La part des contrats d’approvisionnement dans le total des volumes vendus atteint 59 % pour les forêts domaniales et 26 % pour celles des collectivités.
Les volumes en contrat d’approvisionnement se répartissent à 44 % en bois d’industrie et bois énergie, à 56 % en bois d’œuvre dont 29 % pour les résineux blancs, 12 % pour les résineux rouges comme pour le Hêtre, et 3 % pour le Chêne.
Les plus fortes hausses sont de 19 % pour les résineux rouges (+ 86 000 m3), 18 % pour le bois d’industrie (+307 000 m3) et le Hêtre (+81 000 m3). L’évolution est limitée à 5 % pour le Chêne (+ 6 000 m3) et elle est négative (– 16 %) pour les résineux blancs (– 258 000 m3) en raison d’une baisse sensible des produits accidentels.
La recette des contrats d’approvisionnement en forêt publique est de 250 M€ (+ 29 %), soit 38 % des recettes bois. Cette recette se répartit entre les forêts de l’État pour 154 M€, en hausse de 30 % et totalisant 50 % des recettes de bois domaniales, et les forêts des collectivités pour 96 M€, en hausse de 28 % mais quasiment stables à 27 % des recettes de bois des collectivités.
Figure 5 Répartition des volumes vendus par l’ONF en contrat d’approvisionnement (en milliers de m3 EBSP)
• Les prix pratiqués dans le cadre des contrats
En 2022, les prix moyens des contrats d’approvisionnement sont haussiers avec des tendances différenciées selon les produits, en lien avec les évolutions de marché six mois auparavant (de mi-2021 à mi-2022). Ainsi, une hausse sensible intervient en bois d’œuvre pour les résineux blancs (+ 42 %) et rouges (+ 22 %), plus faible pour le bois d’industrie (+ 14 %) et le Hêtre (+ 8 %). La cotation du Chêne ne peut être faite en raison de volumes moindres et d’une gamme de prix très étendue correspondant à des qualités variables et majoritairement secondaires, mais à qualité constante, son prix a progressé d’environ 30 %.
Il est rappelé que des différences de prix importantes peuvent résulter de l’assortiment des produits concernés, de la situation de l’entreprise (distance d’approvisionnement pour les produits vendus bord de route) et des coûts locaux de mobilisation des bois.
Tableau 3 Prix moyen des bois vendus façonnés en contrat d’approvisionnement (en €/m3 bord de route)
Conclusions et perspectives
En 2022, les recettes de bois des forêts publiques atteignent un niveau record depuis le début du XXIe siècle, avec une croissance annuelle de 23 %, liée uniquement à celle du prix moyen, les volumes mobilisés étant réduits de 9 %.
La conjoncture économique très dynamique du premier semestre dans tous les secteurs du bois a sollicité des volumes de bois importants à des prix nettement haussiers. Cela s’est traduit à la fois dans les ventes par soumission sous le logiciel VEL, déployé et amélioré depuis bientôt 4 ans, et les révisions de prix des contrats d’approvisionnement réalisées tous les 6 ou 12 mois. Au second semestre, l’érosion de la demande, sur le marché de la construction principalement, a donc eu un effet limité sur les résultats de l’année, d’autant plus que les épicéas scolytés sont devenus rares, grâce aux trois belles campagnes de prélèvement conduites de 2019 à 2021. Le prix moyen des résineux blancs en ressort très haussier en forêt publique.
Mais c’est le Chêne qui, une fois de plus, est la pépite de la forêt publique, avec ses qualités supérieures présentes et très demandées, merrain en particulier. Son prix moyen augmente très fortement en 2022. Avec une ressource française qui ne cesse de décroître, – 50 % de récolte de bois d’œuvre en 50 ans, y compris en forêt publique, et de nombreux savoir-faire associés, en sylviculture de futaie régulière ainsi qu’en transformation du bois (mérandiers et tonneliers, scieurs et parqueteurs, charpentiers et architectes du patrimoine), cette situation préoccupe. C’est pourquoi l’ensemble des partenaires a été associé à la fiche d’inventaire sur « Les savoirs et savoir-faire de la futaie régulière de Chêne » qui est inscrite au Patrimoine Culturel Immatériel de la France depuis le 8 juin 2022, après deux ans de préparation et près de 200 témoignages de soutien ou de consentement. Le plan d’action associé permettra d’agir collectivement pour sa valorisation et sa pérennisation, dans un contexte évolutif, notamment avec le changement climatique et les besoins de la société. La reconstruction de la charpente de Notre-Dame de Paris entre aussi dans ce cadre collaboratif, pour la deuxième année consécutive, et les forestiers qui transmettent de génération en génération la sylviculture de la chênaie régulière sont reconnus par les architectes et les charpentiers comme de véritables compagnons.
Enfin, le développement des contrats d’approvisionnement se poursuit en 2022, avec une nouvelle croissance des volumes de 5 % ; leurs prix suivent bien les évolutions de marché avec l’effet retard habituel entre deux révisions de prix semestrielles, voire annuelles.
L’année 2023 sera une année avec des résultats amoindris. La conjoncture est dégradée par une faible croissance, une inflation persistante qui diminue le pouvoir d’achat et augmente les taux d’intérêts, la construction neuve qui est bien en crise. Il y a aussi l’incertitude internationale liée à l’importance des dettes souveraines, à la guerre en Ukraine, aux tensions et aux sanctions géopolitiques. Néanmoins, la demande de bois est diversifiée et certains marchés restent porteurs comme le merrain, du fait d’une demande internationale soutenue, californienne et européenne notamment, ou le bois énergie, du fait de la crise énergétique qui perdurera en hiver par manque de gaz et d’électricité.
Le contexte climatique est également incertain, avec le réchauffement global et de nouveaux incendies catastrophiques en 2023 dans les forêts boréales, résineuses principalement. En France, les incendies des Landes de l’été 2022, les plus violents depuis 75 ans, ont conduit l’État et l’ONF à définir et mettre en œuvre un nouveau programme de défense des forêts contre l’incendie (DFCI) étendu à toute la France. Il y a là aussi un enjeu important à considérer pour gérer au mieux la forêt et préparer les bonnes récoltes de demain.
Annexe 1 Prix moyens des bois sur pied aux ventes d’automne* pour l’ensemble des forêts publiques (en euros courants)
Annexe 2 : Évolution des modes de mise en marché par l’ONF (en volume)
Calendrier des ventes d'automne* 2023 de l'Office national des forêts
Attention : calendrier susceptible de modifications. Se connecter systématiquement sur le site de vente en ligne quelques jours avant chaque vente (www.ventesdebois.onf.fr), afin de confirmer la tenue de chaque vente aux dates et conditions prévues ci-dessous. Toutes les ventes sont dématérialisées, avec parfois la possibilité d'y assister aussi en salle. Néanmoins, des contraintes sanitaires ou autres peuvent conduire à supprimer les rassemblements physiques, et les ventes concernées seraient alors totalement dématérialisées.
* Suite à l'évolution des conditions de ventes de l'ONF, il n'y a plus de « grandes ventes d'automne » depuis 2019, mais uniquement des « ventes d'automne » identifiées. Il s'agit d'une sélection de ventes de bois en bloc et sur pied, à base historique. De nombreuses autres ventes sont proposées par l'ONF, en bois sur pied et en bois façonné, tout au long de l'année et même à l'automne.
Date / Heure |
Organisation prévisionnelle |
Directions |
Essences dominantes |
---|---|---|---|
01 septembre à 14 h 00 |
Dématérialisée (Nord-Franche-Comté) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Feuillus |
05 septembre à 14 h 00 |
Dématérialisée + en salle à Châtenoy-le-Royal (Saône-et-Loire) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Chêne |
06 septembre à 9 h 30 |
Dématérialisée (Drôme-Ardèche) |
Auvergne - Rhône-Alpes |
Résineux |
07 septembre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Vosges, Meurthe-et- Moselle) |
Grand Est |
Feuillus |
08 septembre à 9 h 00 |
Dématérialisée (Nord Côte-d'Or) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Feuillus |
12 septembre à 10 h 00 |
Dématérialisée + en salle à définir (Isère) |
Auvergne - Rhône-Alpes |
Résineux |
13 septembre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Aube-Marne) |
Grand Est |
Feuillus |
14 septembre à 8 h 00 |
Dématérialisée + en salle à Gérardmer (Vosges) |
Grand Est |
Résineux |
14 septembre à 9 h 00 |
Dématérialisée (Île-de-France, Normandie) |
Seine-Nord |
Chêne et Hêtre |
15 septembre à 14 h 30 |
Dématérialisée (Sud massif central) |
Midi-Méditerranée |
Résineux |
19 septembre à 8 h 30 |
Dématérialisée + en salle à Poisy (Haute-Savoie) |
Auvergne - Rhône-Alpes |
Sapin et Épicéa |
20 septembre à 13 h 30 |
Dématérialisée + en salle à Levier (Doubs) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Sapin et Épicéa |
21 septembre à 9 h 30 |
Dématérialisée (Auvergne) |
Auvergne - Rhône-Alpes |
Résineux et Hêtre |
26 septembre à 8 h 30 |
Dématérialisée (Franche-Comté) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Feuillus |
26 septembre à 14 h 00 |
Dématérialisée (Franche-Comté) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Résineux + bois d'industrie feuillu |
28 septembre à 10 h 00 |
Dématérialisée (Provence-Alpes-Côte d'Azur) |
Midi-Méditerranée |
Pins et taillis |
03 octobre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Basse-Lorraine) |
Grand Est |
Feuillus |
03 octobre à 14 h 00 |
Dématérialisée (Limousin, Combrailles) |
Centre Ouest - Aquitaine |
Résineux |
04 octobre à 9 h 30 |
Dématérialisée + en salle à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher) |
Centre Ouest - Aquitaine |
Chêne |
05 octobre à 9 h 00 |
Dématérialisée (Doubs, Jura) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Feuillus (futaie affouagère) |
05 octobre à 10 h 00 |
Dématérialisée (Pyrénées) |
Midi-Méditerranée |
Feuillus et résineux |
06 octobre à 8 h 30 |
Dématérialisée + en salle à Clamecy (Nièvre) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Chêne |
09 octobre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Haute-Marne) |
Grand Est |
Feuillus |
10 octobre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Verdun, Ardennes) |
Grand Est |
Feuillus |
10 octobre à 9 h 30 |
Dématérialisée (Sud Massif central) |
Midi-Méditerranée |
Feuillus et résineux |
12 octobre à 9 h 00 |
Dématérialisée (Picardie) |
Seine-Nord |
Hêtre et Frêne |
12 octobre à 9 h 30 |
Dématérialisée (Landes-Gascogne) |
Centre Ouest - Aquitaine |
Pin maritime |
17 octobre à 9 h 30 |
Dématérialisée + en salle à Cérilly (Allier) |
Centre Ouest - Aquitaine |
Chêne |
26 octobre à 8 h 30 |
Dématérialisée + en salle à Fontaine-les-Luxeuil (Haute-Saône) |
Bourgogne - Franche-Comté |
Chêne |
02 novembre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Moselle) |
Grand Est |
Feuillus |
07 novembre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Champagne-Ardenne, Lorraine) |
Grand Est |
Résineux |
07 novembre à 9 h 00 |
Dématérialisée (Berry-Bourbonnais) |
Centre Ouest - Aquitaine |
Chêne, communal |
09 novembre à 10 h 00 |
Dématérialisée + en salle à Nantua (Ain) |
Auvergne - Rhône-Alpes |
Résineux |
14 novembre à 8 h 00 |
Dématérialisée (Massif vosgien) |
Grand Est |
Résineux |
17 novembre à 9 h 00 |
Dématérialisée (Bois d'industrie et énergie) |
Seine-Nord |
Feuillus et résineux |
Pièces jointes
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