Environnement, culture et société
Les ennemis de la forêt vus par les peintres
Résumé
Les principaux dommages aux arbres et aux forêts visibles en peinture sont dus à des causes abiotiques. En premier lieu, le vent qui fait pencher les arbres, les déforme durablement ou cause chablis et bris de branche ou de tronc. Les incendies actifs ou leurs conséquences sont aussi bien illustrés. De rares toiles évoquent les inondations, la sécheresse et le gel. Parmi les adversités biotiques, ce sont les dégâts dus aux champignons (lignivores pour l’essentiel) qui sont visibles. La graphiose de l’Orme est suggérée sans être clairement illustrée alors que plusieurs tableaux suggèrent la rouille courbeuse sur Pin. Le gui et divers épiphytes (lierre, lichen, mousse, usnée) sont le thème de quelques tableaux. Sont largement figurés des dommages dont la cause n’est pas précisée bien que résultant des adversités précédentes : fentes, perte d’écorce, cavité, dépérissement et mort. Quelques œuvres combinent plusieurs dégâts. D’assez nombres scènes vivantes (Homme, animaux) sont associées à ces dommages.
Messages clés :
• Les dommages forestiers visibles dans les peintures sont le plus souvent d’origines abiotiques.
• Les dégâts du vent et des incendies sont les plus souvent représentés.
• Parmi les dégâts biotiques, les dégâts dus aux champignons sont les plus illustrés.
Abstract
The main tree and forest degradations seen in paintings have abiotic causes. Wind ranks first, which causes trees to bend, deforms them durably, uproots them or breaks branches or trunks. Active blazes or their consequences are also well illustrated. Only a few paintings show flooding, drought and frost. Among biotic stresses, degradations caused by fungi (lignin degraders most of the time) are visible. Dutch elm disease is suggested without being clearly illustrated, while several paintings suggest pine twisting rust. Mistletoe and several epiphytes (ivy, lichen, moss, usnea) are the themes of a few paintings. Degradations whose causes are not explicit – but resulting from the stresses mentioned above – are largely represented: cracks, loss of bark, cavities, decline, and death. A few works combine several degradation types. A fair number of living scenes involving humans and/or animals are associated with these degradations.
Highlights:
• Forest degradations as illustrated by paintings most often result from abiotic stresses.
• Wind- or blaze-induced degradations are the most represented.
• Among biotic degradations, fungus-induced degradations are the most illustrated.
Introduction
De très nombreuses peintures représentent les arbres et la forêt. Ce sont surtout les impressionnistes européens et nord-américains qui ont produit les œuvres les plus informatives. Dans ce nouvel article sur le thème général de « la forêt et les peintres » déjà abordé dans différentes publications (Pinon, 2018, 2019, 2022), nous présentons ici les dommages subis par les arbres avec une représentation réaliste. Pour les toiles mentionnées sous la forme d’un numéro dans le texte, leurs auteurs et titres sont explicités dans le tableau 1. Quelques œuvres sont évoquées plusieurs fois dans le texte et elles n’apparaissent dans le tableau qu’à propos du premier thème traité. Afin de retrouver facilement sur internet les peintures qui seront citées, nous avons gardé les titres sous lesquels elles y figurent. Les dégâts les plus fréquemment peints sont ceux d’origine abiotique, principalement le vent. Le Chêne (Pinon, 2019), le Pin (Pinon, 2022) et le Bouleau sont les essences majoritairement représentées. Nous présentons dans les paragraphes suivants les différentes œuvres par types d’adversité.
Tableau 1. Œuvres référencées par des numéros dans le texte
ADVERSITÉS ABIOTIQUES |
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VENT |
Arbres ployant sous le vent [1] Corot : Le Coup de vent [2] Dinet : Le Sirocco, ou coup de vent dans l’oasis de Bou-Saâda [3] Estall : Coup de vent sur arbre [4] Harpignies : Paysage au coup de vent [5] Hassam : Southwest Wind [6] Heggtveit : Windblown Pines [7] Law : Blowing Pine [8] Millet : Le Coup de vent [9] Panabaker : June, Storm Brewing [10] Vidal : L’Orage [11] Wakelin : Wind in the Cypress [12] Winter : Hurricane Edna |
Arbres poussant penchés sous un vent dominant [13] Bischoff : Windswept, Twisted Cypress [14] Charlemont : Birkenallee mit Bäuerinnen [15] Guillaumin : La Pointe du Lou Gaou, tempête [16] Heffner : Sturmgebeugte Birken am Meeresufer [17] Hulk : Near Abinger and Near Grishall [18] Luce : Pine Trees Near Saint-Tropez [19] Otte : West Winds (Cedars of Lebanon, Monterey Coast, California) [20] Rysselberghe : Canal in Flanders [21] Sourgen : Pins sur la dune landaise [22] : van Gogh : Arbre fouetté par le vent |
Bris de branche [23] Gilbert : L'Arbre brisé [24] Michallon : Fallen Branch [25] Ortmans : Forêt de Fontainebleau [26] Thibesart : La Branche cassée |
Chablis [27] Defaux : Après le Coup de vent [28] Chichkine : Waldinneres [29] Childish : Fallen Tree Land’s End, San Francisco [30] Giles : Glen Lubock Mar Forest, after a Gale [31, 32] Klever : Forest clearing, Forest [33] Tikhmenev : Forest [34] McReynolds : sans titre (arbre tombé sur une maison) [35] Pisemsky : Mist, by the Lake |
Chandelles [36] Calame : Wettertannen [37] Favorin : Pine Trees by the Shore [38] Murawjoff : Metsälampi [39] Nasmyth : View of Bristol [40] Rousseau : La Hutte du charbonnier [41] Siberechts : The Fjord [42] Thoma : Hunter by the Waterfall [43] van Gogh : Pinède au soleil couchant et femme [44] Waldmüller : Höllengebirge at Ischl [45] Zimmermann : Gebirgslandschaft mit Wasserfall |
Volis [46] Calame : Alp mit Wettertannen, wohl im Berner Oberland [47, 48] Chichkine : Forêt d'Épicéas en hiver, Pine Forest [49] Diday : La Forêt avec tronc (L'Isle) [50] Linnell : The Fallen Monarch of the Forest [51] Ruisdael : A Forest Scene |
Chandelle et volis [52] Calame : Arbre brisé, au Kelket, près de Meyringen (Oberland bernois) [53] Wahlberg : Landscape with a Hunter and Dog [54] Werner : Through the Burnt Forest [55] Whittredge : Fallen Birch [56] Wijnants : Landscape with a Fallen Tree, Peasants and Huntsmen |
FEU |
Le feu actif [57] Blakelock : Forest fire [58] Boyd : Bush Fire [59] Bridell : The Forest on Fire [60] Casson : Burnt over Land October Algoma [61] Dahl : Forest Fire Glows [62] Mitchell : Forest Fire, Manitoulin Island [63] Muller : Forest Fire and Log Cabin [64] Parreiras : Fire [65] Tavernier : Yosemite |
Après le feu et la foudre [66] Bierstadt : Mariposa Big Tree Grove, Yosemite [67] Boultbee : An Oak Tree Struck by Lightning in Dunham Park [68] Bracht : Eiche mit Blitzeinschlag [69] Ceramano : After the Forest Fire in Fontainebleau [70] Cottavoz : Les Pins brûlés [71] Gallen-Kallela : Burnt Forest [72] Giroux : L'Arbre foudroyé [73] Michallon : La Femme foudroyée [74] Misrasch : Burnt Forest and Half Dome, Yosemite [75, 76] Oliver : Burnt Country, Burnt Lake Algonquin PK [77, 78] Thomson : Burnt Land, Burnt Country Evening [79] van Goyen : Le Chêne foudroyé [80] Vorobyev : La Tempête, le chêne foudroyé |
INONDATIONS ET SÉCHERESSE |
[81] Benson : Flooded Pines [82] de Vlaminck : Les Chênes inondés [83] Hart : Drought [84] Herman : Drought [85] Loiseau : Inondation, environs de Nantes [86] Luce : L’Inondation |
GEL [87] Bodley : Frost [88] Fengmian : Autumn Forest Frost [89] Kontchalovsky : Arbre dans la gelée blanche [90] Palmer : After the First Frost, Haliburton, On [91] Puthuff : Frosted Foliage [92] Wood : Frost, Fir and Shine |
ADVERSITÉS BIOTIQUES |
CHAMPIGNONS [93] Adamson : Tree Stump and Bird [94] Birnie : Stumps [95] Bombois : Sous-bois, l'arbre aux champignons [96] Booth : Jay [97] Brovar : Landscape with Birch Trees [98, 99] Calame : Souches d’arbres ; Waldstück [100] Carus : Baumstudie bei Hosterwit [101, 102 103] Chichkine : La Forêt, Pond in a Wood, Strolling in a Forest [104] Eatock : Last of the Elms [105] Gallen-Kallela : Kalelas myrtall [106] Gauermann : Fuchs unter morschem Baum [107] Hewitt : The Last of Elms [108, 109] Hill : Fungus, Old Stump with Bracket Fungus [110, 111] Klever : Little Red Riding Hood, Winter Sun [112] Kryjitski : Stubbar [113] Lagorio : An Old Tree [114] Lorenz : Woodland Path [115] Monsted : Forårsdag ved en skovso [116] Papsdorf : Button Mushrooms from Henry's [117] Scheins : Weite gebirgige italienische Landschaft [118] Vit : Stump |
GUI ET ÉPIPHYTES |
Gui [119] Biva : The Mistletoe (Winter Landscape) [120] Bocquet : Bord de Vesle en hiver [121] Desbrosses : Vieux pommiers couverts de gui [122] Eve : L’Automne (moulin de Longchamp) [123] Jacob : A Cottage on a Riverbank [124, 125] Oudot : Les Mesnuls, l'hiver, Paysage blond |
Mousse espagnole (usnée) [126] Barron : Bayou Scene with Moss-Draped Oaks [127] Black : Forida Highwymen Spanish Moss [128] Buck : Live Oak with Spanish Moss, Lake Ponchartrain, Louisiana [129] Bumann : Oak Trees with Spanish Moss and Azaleas Along a Roadway [130] Castleden : Live Oak and Spanish Moss [131] Cummings : A Cabin under a Spanish Moss-Draped Tree [132] Drysdale : Moss Draped Cypress and Oak on the Bayou [133] Fine : Oak Trees with Spanish Moss and Cottage [134] Hair : Florida Wetlands Landscape with a Large Central Cypress Tree and Hanging Spanish Moss [135] Hutty : Live Oaks with Moss [136] Stockwell : Florida Palms and Spanish Moss [137] Wells : Florida Wetlands Scene with Palm Trees and Cypress Trees Covered in Spanish Moss |
Mousse et lichen [138] Calame : Sapin couvert de lichens [139] Childish : Birch with Moss [140] Fortin : Moss on Oak Tree [141] Hansch : Oil Study of a Mossy Tree [142] Whitfield : A Red Squirrel on a Lichen Covered Tree |
Lierre & vigne [143] Anonyme : sans titre (Vines on Tree Stump) [144] Barlow : Autumnal Woodland Scene [145] Goode : Two Elms in Winter [146] Kontchlovsky : Versailles, Ivies [147] Leader : A Woodland Pool [148] Murray : The Ivy, the Oak and the Bonnie Birken Tree, Bettws-y-Coed [149] Orley : Le Repos pendant la fuite en Égypte [150] Saunders : Winter Elms and Sheep [151] van Gogh : Lierre sous les arbres |
DOMMAGES D’ORIGINE IMPRÉCISE |
Déformations de cause inconnue [152] Aldrich : Sailor's Church Honfleur [153] Gallen-Kallela : Bruten fura [154] Monsted : In Charlottenlund Forest [155] Munnings : Study of an Old Oak in Blenheim Park [156] Tai : Pine Trees |
Fente, fissure et fourche [157] Acock : Purley Oaks, Croydon, Surrey [158] Baker : A Sunlit Wooded River Landscape [159] Baldock : Sheep and Shepherd [160] Calame : Chêne [161] Constantin : Sudy of a Pollarded Tree Stump Standing in Water [162] Godward : Country House in the 18th Century [163] Guillaumin : Bords de l’Orge [164] Hostein : Unter der Alten Eiche [165] Levitan : Tree by the Lake |
Perte d’écorce [166] Achenbach : Landscape with Watermill [167] Arborelius : Vallflicka med boskap [168] Bell : Edge of the Meadow (Red Cow under Butternut Tree) [169] Beruete-y-Moret : Pinos del Piantio de los Infantes [170] Cooper : Sheep [171] Gauermann : Der schützende Baum [172, 173, 174] Klever : Winter at Lake Peipus, An Early Spring Landscape with a Beech Tree in the Foreground, Kuokkala [175] Michallon : Arbres au Bois de Boulogne [176] Modersohn : Birkenstaam im Frühling [177] Paal : Landscape with Cattle [178] Richter : Tal bei Amalfi mit Aussicht auf die Bucht von Salerno [179] Smith : Cottonwood Pool |
Cavité [180] Acock : Oaks Road, Addington, Croydon, Surrey [181] Anonyme : Sheep at Rest before a Tree Stump in Bloom [182] Bracht : Oak Trees in a Park [183] Brown : Hiding in the Old Oak [184] Bruandet : Chasse à courre au bois de Boulogne [185] Courbet : Forêt de Fontainebleau, le Chêne de Béranger [186] Davis : Bibury, Cotswold Hills [187] Fullwood : The Wood Gatherers [188] Hörmann : Ziehbrunnen bei Gödöllö - Aus der Umgebung von Gödöllö [189] Kondratenko : Old Oak [190] McCulloch : The Blasted Tree [191] Miassoïedov : An Old Tree [192] Monsted : St. Andrea Church in Torbole [193] Munnings : The Gnarled Oak [194] Schufried : Bei der Rast |
Arbre dépérissant [195] Alott : Huntsmen at Garden Edge [196] Baker : Cattle Grazing in Parkland [197] Bierstadt : The Grizzly Giant Sequoia, Mariposa Grove, California [198] Calame : Lac des Quatre-Cantons près de Brunnen [199] Chichkine : The Pine Forest [200] Clunie : White Bark Pine Tree [201] Cuyp : An Extensive Landscape with Milk Maid and Cattle beside a Tree Stump [202] Dawson : Landscape in the Dukeries, Nottinghamshire [203] Diday : Sommerliche Partie im Gebirge [204] Gauermann : Tree [205] Kensett : The Hemlock [206] Krieghoff : Indians Hunting a Caribou [207] Madrazo y Garreta : Garden of the House of Fortuny [208] Meschersky : Mountain Lake [209] Nasmyth : Sir Philip Sidney's Oak [210] Nichols : Earlham, Norwich [211] Nocken : Die Viehfähre [212] ; Scheins : Tief verschneite Waldlandschaft mit Reisigsammlern |
Arbre mort [213] Achenbach : Whitewater in a Norvegian Landscape [214] Aligny : Rochers en forêt de Fontainebleau (Gorge-aux-loups) [215] Bate : Dead Pines [216] Blau-Lang : Hohlweg in der Ramsau [217] Bierstadt : Lost Arrow, Yosemite Valley [218] Cole : Autumn in Landscape (View of Mount Chocorua) [219] Comfort : Related to the Octopus Tree, Pine Island, Georgian Bay [220] Cooper : Cattle [221] Crockford : River Scene with Snow-Capped Pines [222] Cumming : Pines in Landscape [223] Delpy : Vieux Chêne au Bas Bréau [224] Diaz de la Pena : Le Chemin du Jean-de-Paris (Les Roches) [225, 226] Diday : Vue sur le Mont-Blanc avec le lac Léman au premier plan ; Grands Sapins à la Handeck ; [227] Dinet : Les Cèdres de Asila [228] Doré : Mont-Blanc [229] Duchajova-Svehlova : Montainview with Old Pines [230] Dupont : The Gadshill Oak [231] Eisenschitz : Paysage de Provence [232] Flieher : Der Eibsee mit der Zugspitze [233] Gallen-kallela : Palokärki (Great Black Woodpecker) [234] Gaspard : The Dead Fir [235] Hillier : The Death of an Elm [236] Kerswill : Rocky Mountain with Snow Capped Peaks and Pines [237] Lacombe : Arbre mort au Vignage [238] Lyman : Le Bouleau mort [239] Matthews : Monterey Peninsula Landscape [240] Millet : Bouleau mort, carrefour de l'Épine [241] Nasmyth : View Near St-Albans [242] Pogedaïeff : Les Oliviers morts [243] Symons : Pines in Winter [244, 245] Thomson : Blasted Oak, The Dead Pine [246] Waldmüller : Old Elms in Prater |
Embâcles [247] Achenbach : A Fisherman Inspecting His Catch Near a Mountain Torrent [248] Anonyme : Pastoral Scene with Two Figures Approaching a Stream with Fallen Tree [249] Calame : Torrent de montagne bordé de Sapins [250] Chichkine : The Dark Wood [251] Corot : Sous-Bois - un tronc d'arbre abattu en travers d'un ruisseau [252] Dahl : Northern Landscape [253] Gallen-Kallela : Rower on the Lake [254, 255] Wilcox : Lake, Mountains, Logs, Log Pile Up |
Plusieurs dommages sur une œuvre [256] Bodom : Forest Landscape with Lake [257] Calame : Shepherd Resting by the Waterfall [258] Chichkine : Windfall [259] Doré : Paysage de montagne [260] Fullwood : Forest Scene [261] Garber : Willows [262] Hill : The Gathering Storm from the Outlet of Profile Lake [263] Järnefeldt : Evening Lights in the Fells |
SCÈNES DE VIE DANS DES FORÊTS ENDOMMAGÉES |
Bois et Homme |
[264, 265, 266] Anonyme : Fagoteur dans un parc dévasté par une tempête, Figures in a Wooded Setting Seated upon a Fallen Tree Stump, Figures on Horseback Inspecting a Hollowed Tree Stump [267] Arborelius : Bjrnjakt i Dalarne [268] Aubert : Collecting the Sacred Mistletoe [269] Bloemaert : La Prédiction de Saint-Jean-Baptiste [270] Burden : Moss Gatherers in the Swamp [271] Crespi : Peasants Carrying a Fallen Tree across a Stream in a Landscape [272] Devis : Portrait of Thomas Bateman Lane [273] Durrie : Gathering Wood for Winter [274] Foster : The Fallen Tree [275] Goodwin : The Strenuous Fight [276] Henry et Hornel : The Druids Bringing in the Mistletoe [277] Hillman : sans titre (Young Girl on a Fallen Tree) [278] Hulme : Young Boy Sitting on a Fallen Tree [279] Keyser : Gathering beetles [280] Luce : Crue de la rivière [281] McCubbin : Gathering Mistletoe [282] Michel : A Landscape with Fallen Trees [283] Mohl : The Veld Fire Fighters, W Tvl (SA) [284] Moore : Salvaging Wreck Timbers on an Isolated Shore [285] Mouncey : Lying on the Fallen Tree [286] Neer : Winter Landscape with Wood Gatherers [287] Rucker : Moss Gatherer in the Swamp [288] Seward : Young Boy Resting on a Tree Stump [289] Smith : Cottonwood Pool [290] Suthers : Lady Seated upon Fallen Tree Trunk Holding a Book [291] Turner : The Fallen Tree [292 et 293] van de Velde : La Famille du pâtre, A Wooded Landscape with Armed Men Attacking a Wagon [294] Waldmüller : Wienerwald Landscape [295] Watson : Young Girl Seated on a Fallen Tree [296] Watteau : Diane au bain [297] Wendt : Vandalism [298] Wouwerman : Horse and Dismounted Rider [299] Young : The Moss Gatherers on the Mississippi |
Animaux |
[300] Barlow : An Owl Perched on a Tree Stump with a Dead Jay and Other Birds [301] Chichkine : Matin dans une forêt de Pins [302] Cooper : Landscape with Cow and Sheep [303] Cosimo : The Forest Fire [304] Desportes : Épagneul gardant des perdrix mortes [305, 306] Gauermann : Hirsch im Gebirgsbach stehend ; Eine Viehweide unter Bäumen, im Hintergrund ein kleines Schloss [307] Panabaker : Moose in Burnt Timber [308] Tucker : Parrot in Burnt Landscape |
Adversités abiotiques
Dégâts dus au vent
Le vent peut préserver l’arbre, le faisant juste pencher. Sur certaines peintures, il semble que cela soit temporaire, le temps du coup de vent ou du passage de la tempête. Les troncs ne sont pas déformés et le feuillage ploie sous le vent. Cela est visible sur Bouleau [12], Cyprès [10 et 11], Palmier [2], Peuplier [3, 4 et 5], Pin [6, 7 et 9] ou sur des essences indistinctes [1 et 8].
La pression fréquente exercée par un vent dominant conduit à des arbres durablement tous penchés dans le même sens. Plusieurs essences subissent ce dommage : Bouleau [14 et 16], Pin [15, 18 et 21], Saule [17], Cèdre du Liban [19], Peuplier [20] et Cyprès [13]. L’effet est spectaculaire en alignement [14 et 20]. Van Gogh [22] montre un arbre à la fois penché durablement et dont le feuillage subit un coup de vent.
Un vent plus violent ou un arbre fragilisé conduisent au bris. Le bris minimum est celui d’une branche sur un Chêne [23, 24 et 25] ou une autre essence en fleurs [26]. De nombreuses peintures montrent des chablis, l’arbre chutant et restant entier. C’est le cas du Bouleau [27, 31, 32 et 35], de l’Épicéa [28] et du Pin [29, 30 et 33]. Parfois l’arbre (probablement un Érable) tombe sur le toit d’une maison [34]. Le vent conduit aussi au bris du tronc, laissant plus ou moins séparés la chandelle et le volis (photo 1). Des œuvres montrent uniquement la chandelle. Ce peut être celle d’un Épicéa [36, 42, 44 et 45], d’un Chêne [39, 40 et 41], d’un Pin [37 et 43] ou d’un Bouleau [38]. D’autres œuvres concernent le volis d’Épicéa [46 et 47], de Pin [48], de Bouleau [49 et 51) et de Chêne [50]. Parfois, chandelle et volis du même arbre sont visibles sur Bouleau [55 et 56] ou d’autres essences [52, 53 et 54].
Photo 1. Calame : Arbre brisé au Kelket près de Meyringen (Oberland bernois)
Photo : © Musée du Louvre
Le feu et la foudre
Plusieurs toiles illustrent un feu actif de broussaille [57 et 58], de forêt feuillue [59, 61 et 64] ou résineuse [60, 62 et 63] dont le Séquoia à Yosemite [65]. D’autres œuvres, plus nombreuses, montrent l’état de la forêt après le passage du feu. Les troncs calcinés ne permettent guère l’identification des essences [76, 77 et 78] sauf mention du peintre comportant l’essence ou le site. Bierstadt figure des Séquoias [66] après incendie dans le parc de Yosemite et Cottavoz [70] mentionne des Pins dans son titre. Ceramano [69] a peint la forêt de Fontainebleau (chênaie) après le feu. Une toile de Gallen-Kallela (photo 2 [71]) montre un Pin qui semble épargné au milieu de troncs calcinés. Sur d’autres œuvres, l’architecture des arbres brûlés évoque le Sapin ou l’Épicéa [74 et 75]. Le feu est souvent la conséquence de la foudre. C’est nettement le cas dans l’œuvre déjà citée de Bierstadt. L’essence majoritairement foudroyée est le Chêne [67, 68, 72, 73, 79 et 80].
Photo 2. Gallen-Kallela : Burnt
Photo : © Museo Reitz
Inondations et sécheresse
Quelques scènes d’inondation ont été peintes sur Pin [81], Chêne [82], Peuplier [85] et Saule [86]. Ces peintures réalisées lors d’une crue ne renseignent pas sur les éventuelles conséquences lors de la saison de végétation suivante. Herman [84] montre des arbres défeuillés du fait de la sécheresse et Hart [83] illustre la sécheresse par une perte de feuilles et surtout un cadavre d’animal.
Gel
Plusieurs œuvres évoquent le gel en présentant des arbres. Toutefois, les conséquences du gel (gélivure ou branches ployant sous le givre) ne sont pas illustrées sauf par Fengmian [88], Palmer [90] et Puthuff [91] avec le feuillage gelé et rougeoyant. Bodley (Épicéa, [87]) et Kontchalovsky (feuillu [89]) ont peint des arbres couverts de givre, mais sans dommage, alors que Wood [92] montre une pinède indemne par temps de gelée sans givre sur les arbres.
Adversités biotiques
Les champignons
Plusieurs œuvres [30, 101, 105, 111 et 117] suggèrent une déformation des Pins qui pourrait être la conséquence d’une infection par Melampsora pinitorqua Rostr., agent de la rouille courbeuse (photo 3). Ces œuvres portent sur le Pin sylvestre à l’exception de celle de Scheins ([117] Pin parasol). Eatock [104] montre des Ormes dénudés et d’autres en feuilles et son titre suggère la graphiose sans la nommer. Hewitt [107] a peint quelques Ormes, totalement isolés au milieu des champs, Ormes qu’il présente comme les derniers. Cette peinture datant de 2015, ces arbres sont très vraisemblablement des rescapés de la seconde épidémie de graphiose en Europe.
Des carpophores de lignivores sont visibles sur les troncs. Ils sont parfois assez bien figurés pour tenter une identification (Claude Delatour, com. pers.). Le cas le plus fréquent est celui du Bouleau avec Ungulina betulina [96, 103 et 114]. Des champignons à chapeau et pied charnus ont été peints par Bombois (Hypholome probable [95]) et Papsdorf [116]. Ungulina marginata a été figuré par Gauermann [106] et par Kryjitski (photo 4 [112]). Ganoderma apllanatum est visible sur plusieurs œuvres de Hill [108 et 109].
Brovar [97], dans une œuvre dédiée aux Bouleaux, a peint un arbre (un Chêne vraisemblablement) portant à la fois des consoles et au pied de petits champignons charnus. Les peintres russes [102 et 110] ont peint des carpophores sur des Épicéas, mais jamais en premier plan ce qui rend hasardeuse leur identification. Carus [100] a peint une fissure du tronc d’un Saule remplie de petits carpophores. Parfois, le bois altéré est nettement figuré (pourriture cubique [113]). Les cœurs creux sont visibles sur des souches [98, 115 et 118]. Ces souches résultent d’un abattage (coupe franche). Certaines ont un cœur creux résultant probablement d’une infection préalable à l’abattage [98 et 118]. D’autres ont des pertes d’écorces résultant de l’œuvre des champignons après l’abattage [93, 94 et 99].
Le gui et les épiphytes
Le gui sur Peuplier a été peint [119, 120, 122, 123, 124 et 125] sur des arbres en hiver. Bocquet présente ces Peupliers sur le bord de la Vesle (Marne) en association avec des Saules qui n’en portent pas (photo 5). Hors des arbres forestiers, les pommiers porteurs de gui ont été peints par Desbrosses [121]. D’autres épiphytes, qui ne constituent pas au sens strict des parasites, sont illustrés.
Photo 5. Bocquet : Grisaille d’hiver. La Vesle à Jonchery
Musée des Beaux-Arts de Reims
Photo : © Christian Devleeschauwer
Fréquent dans les titres des œuvres, le terme anglais « moss » est ambigu. Les peintures associées à ce nom représentent essentiellement la « mousse espagnole » (Tillandsia usneoides) et proviennent du sud-est des États-Unis [127 et 131]. L’essence la plus concernée est le Chêne [129 et 133], plus précisément Quercus virginiana (Live oak) chez Barron [126], Buck [128], Castleden [130], Hutty [135], plus rarement le Palmier [136 et 137] et le Cyprès [132 et 134]. En Louisiane, cette « mousse » (en fait une plante épiphyte de la famille des Broméliacées) est utilisée pour la construction des maisons traditionnelles en torchis.
La « mousse » (au sens français du terme) est présente sur tronc de Bouleau [139] et un de Chêne [140]. Un fragment de tronc à terre, partiellement écorcé et moussu, a été peint par Hansch [141]. Whitfield [142] a peint un tronc couvert de mousse. Quelques toiles montrent des lichens comme celle de Calame [138] sur laquelle un Sapin (selon le titre) en est couvert.
Le lierre grimpe sur des arbres dont on ne voit que le tronc, des feuillus en hiver ou des individus dépérissants. Leader [147], Murray [148] et Orley [149] ont clairement figuré du gui sur Chêne. Goode [145] et Saunders [150] mentionnent l’Orme dans leur titre. Les œuvres de van Gogh ([151], plusieurs ayant le même titre) pourraient concerner des Pins. L’œuvre de Kontchalovsky [146] montre un feuillu porteur de lierre à Versailles. Barlow [144] a peint un tronc totalement couvert de lierre ce qui ne permet pas d’en révéler l’essence. Nous n’avons trouvé qu’une œuvre (anonyme [143]) montrant la vigne sur une souche.
Dommages d’origine imprécise
Les déformations
Des renflements ou des excroissances, d’origine indéterminée et affectant le tronc, ont quelquefois été peints sur le Pin [156] ou sur des feuillus [152] dont le Chêne [154 et 155] L’arbre cassé de Gallen-Kallela [153] suggère la présence de fibres torses. Sur Pin, la déformation de la tige en S a été discutée à propos des champignons (rouille courbeuse).
Fente, fissure et fourche
Parfois, les deux troncs d’un même arbre se séparent avec formation d’une fissure. Cela est visible sur le Chêne [157, 160 et 164] et sur le Saule [161, 162, 163 et 165]. Les fissures portent sur le bas des troncs de feuillus [159 et 158].
Perte d’écorce
La perte d’écorce est rarement peinte sur résineux avec cependant deux exemples sur Épicéa [167] et Pin [169]. Parmi les feuillus, sont concernés le Chêne [166 et 175], le Noyer cendré [168], le Bouleau [176], le Hêtre [171, 173 et 178], le Peuplier [179] et le Saule [170].
Les écorçages portent le plus souvent sur la base du tronc, généralement sur une seule face, comme sur les œuvres de Klever [172, 173 et 174], évoquant une cause animale et plus précisément un rongeur sur l’une d’elles [174]. La cause de la perte d’écorce n’est pas formellement renseignée mais, sur plusieurs œuvres, elle concerne des arbres au milieu d’un pré où paissent des vaches [168 et 177], des moutons [170] des chèvres [178] ou une combinaison de ces animaux ([171], cheval, mouton et vache). La toile d’Arborelius [167] montre un troupeau de chèvres faisant face au côté du tronc écorcé depuis le sol alors que les arbres proches des vaches sont intacts.
Chez Beruete-y-Moret [169], l’écorçage du tronc paraît débuter à l’insertion d’une charpentière disparue et la présence d’un polypore suggère une altération du bois. Sur l’œuvre d’Achenbach [166], l’écorçage situé assez haut semble aussi lié à un arrachement de charpentière. Sur d’autres peintures (non citées), l’écorçage se situe sur des arbres en bordure de chemin, évoquant le frottement d’un chariot.
Cavité
Des cavités spectaculaires sont peintes, essentiellement sur feuillus et tout particulièrement sur Chêne [181, 182, 183, 185 et 187]. Kondratenko [189] a peint un vieux Chêne dont les parois de la cavité sont elles-mêmes perforées. Bracht [182] montre un Chêne portant une large cavité à sa base qui remonte en forme de fissure. Chez Bruandet [184], la cavité semble tirer son origine d’une charpentière arrachée et permettant l’entrée d’un champignon lignivore. L’arbre peint par Monsted [192] est creux de part en part et n’est supporté que par de maigres empâtements à sa base. Le Chêne illustré par Acock [180] porte une cavité qui montre la disparition de l’essentiel du bois. La cavité peinte par Lagorio [113] comprend des éléments de bois altéré évoquant une pourriture cubique. Le Chêne de Munnings [193] a subi une forte altération au point où se rejoignaient trois tiges qui deviennent indépendantes. D’autres cavités spectaculaires ont été peintes par Miassoïedov [191] et Schufried [194]. McCulloch [190] s’est intéressé à un feuillu très dépérissant, creux, qui a perdu des charpentières. Davis [186] et Hörmann [188] ont illustré des Saules très creux.
Arbre dépérissant
De nombreuses œuvres comportent des arbres dépérissants, le plus souvent avec une descente de cime. Parmi les feuillus, c’est le Chêne qui est le plus représenté, l’arbre malade étant souvent l’objet principal de la peinture [196, 201, 202, 204 et 209]. Sur un certain nombre de toiles, il est évident qu’un feuillu a été peint sans qu’il soit possible de l’identifier formellement. Nichols [210] présente trois Peupliers d’Italie dont la cime est en cours de dépérissement. Au sein des résineux, la distinction entre Sapin et Épicéa est délicate. Sur certaines œuvres, la cime est morte, mais le reste des aiguilles est encore bien vert [198, 203 et 212]. Les aiguilles en cime sont parfois roussies mais le reste est vert [208] ou l’ensemble des aiguilles est décoloré [206 et 211]. Des cimes incomplètes concernent le Pin parasol [195] et plus souvent le Pin sylvestre [199]. Clunie [200] présente des Pins moribonds, dont un avec un tronc totalement tordu. Une œuvre de Madrazo [207] comporte trois Cyprès, dont un aux aiguilles claires et l’autre aux aiguilles roussies. Plusieurs peintres nomment l’arbre dépérissant comme Bierstadt ([197], un grand Séquoia) et Kensett ([205], un Tsuga). Aucune œuvre ne suggère la cause du dépérissement (cause abiotique, insectes, champignons ou succession de ces facteurs).
Arbre mort
De très nombreuses toiles comportent un ou des arbres morts, souvent non identifiés et en divers lieux mentionnés dans le titre de l’œuvre : Scandinavie [213], Fontainebleau [214, 224 et 237], vallée de Yosemite [217], Autriche [216], New Hampshire [218], Ontario [219], Grande-Bretagne [220 et 241], Suisse [226], Mont-Blanc [225 et 228], Provence [231], Bavière [232] et Monterey [239]. D’autres toiles présentent une essence désignée par le peintre comme le Bouleau [238 et 240], le Cèdre [227], le Chêne [223, 230, et 244], le Sapin ou l’Épicéa [226 et 234], l’Olivier [242] et le Pin [215, 221, 222, 229, 233, 236, 243 et 245]. Concernant l’Orme, l’œuvre de Hillier [235] date de 1970 et figure un arbre mort depuis un certain temps (graphiose ?). La toile de Waldmüller [246], peinte en Autriche, remonte à 1831. Cette mortalité n’est pas imputable à la graphiose car cette maladie introduite au début du XXe siècle en Europe.
Embâcles
Les chablis ont parfois lieu au bord d’un cours d’eau. Si ce dernier est étroit, les troncs restent en travers [248, 249, 250, 251 et 252], s’il est plus large, ils sont emportés par le courant [247 et 253]. Wilcox [254 et 255] a peint des amoncellements de troncs morts et écorcés sur un lac.
Plusieurs dommages sur une peinture
Plusieurs des dommages précédents peuvent être figurés sur une même œuvre. Hill [262] combine arbre dépérissant et embâcle. Chichkine [101] présente un Pin déformé et un volis tombé au sol. Chez Fullwood [260], écorçage et dépérissement sont associés (photo 6). L’alignement de Saules de Garber [261] comporte un arbre cassé et un arbre mort. Doré [259] associe arbres dépérissants, arbre mort et chablis. Le paysage de Bodom [256] combine des arbres dépérissants et des morts qui entravent un cours d’eau. Chez Calame [257], l’embâcle résulte de chablis alors qu’une chandelle reste ancrée à la berge. Chichkine [258] illustre les conséquences d’un coup de vent en mêlant chablis et volis. Järnefelt [263] présente une pinède scandinave dévastée comportant arbres morts, chandelle et volis en présence d’un survivant.
Photo 6. Fullwood : Forest
Photo : © Wolverhampton Art Gallery (Grand-Bretagne)
Scènes de vie dans les forêts endommagées
Le bois et l’homme
Repos et distractions
Les arbres à terre servent parfois de support pour les hommes. Hulme [278], Michel [282] et Watson [295] présentent des personnages assis sur un tronc. Foster [274] montre une jeune fille, portant un enfant, qui se repose assise sur un tronc déjà coupé. Une dame très élégante, tenant un livre, est assise sur un tronc à terre [290]. Un grand nombre d’enfants sont assis sur un vieux chablis écorcé [265]. Devis [272] fait le portrait d’un gentilhomme appuyé sur une chandelle. Un cavalier et son chien sont adossés à un arbre dépérissant [298]. Un jeune garçon est contre une chandelle [288]. Chez van de Velde [292], la famille d’un pâtre se repose auprès d’un arbre dépérissant, la mère portant son enfant est assise adossée à une chandelle. Une scène similaire a été peinte par Waldmüller [294] auprès d’une chandelle et d’un volis. Hillmann [277] a peint une jeune fille escaladant les branches d’un arbre à terre. Brown [183] illustre trois enfants à l’abri dans une cavité protectrice creusée dans un Chêne. Arborelius [267] a peint un chasseur prenant appui sur l’arbre à terre pour ajuster son tir. Un pêcheur s’appuie sur un tronc légèrement écorcé [289]. Une femme nue est allongée sur un arbre tombé (Mouncey [285]) alors que Watteau [296] montre Diane au bain assise probablement sur un volis.
Récolte, transport de bois et autres activités
Les accidents survenus aux arbres incitent à la récolte du bois devenu disponible puis à son transport. Neer [286] montre des personnages ramassant les branches d’un arbre tombé. Un fagoteur est peint dans une forêt dévastée [264]. Des ramasseurs de bois munis d’une charrette opèrent au pied d’un arbre creux et dépérissant [187]. Chez Durrie [273], les hommes récoltant du bois disposent d’un attelage constitué d’un cheval et deux bœufs. Des paysans traversent un ruisseau en portant un tronc issu d’un chablis [271]. Luce [280] montre deux hommes tirant un tronc hors de la rivière. Ceux de Moore [284] récupèrent un tronc flottant sur la mer. Un arbre tombé en travers du chemin empêche une diligence tirée par des chevaux de poursuivre sa route [291].
Burden [270] et Young [299] ont peint des hommes récoltant la « mousse espagnole » dans le Mississippi. Young montre aussi le transport de cette mousse par un chariot tiré par des bœufs. Chez Rucker [287], le récoltant est monté sur une plateforme portée à l’arrière d’une barque. Keyser [279] présente une enfant récoltant des insectes sur un jeune arbre. La récolte du gui [268 et 281] fait l’objet de plusieurs toiles ainsi que son transport [276]. Outre ces traditions liées au gui, quelques scènes religieuses ont lieu près d’un arbre porteur de lierre [149] ou près d’arbres endommagés [269]. Des hommes à cheval inspectent un tronc creux [266]. Goodwin [275] a peint un chasseur près d’une chandelle en partie écorcée. Bruandet [184] a représenté une chasse à courre au Bois de Boulogne avec un Chêne cassé et partiellement écorcé.
Des scènes dramatiques ont aussi été produites : une femme foudroyée sous un Chêne qui l’a été également [73]. Van de Velde [293] a peint l’attaque d’une diligence à proximité d’un arbre mort. L’œuvre de Mohl [283] montre des hommes tentant d’éteindre l’incendie avec des moyens dérisoires. Une toile de Wendt [297] évoque dans son titre le vandalisme et montre un chantier d’abattage sauvage.
Les animaux
Les animaux sont présents sur ces sites endommagés, dont ceux déjà cités, cibles des chasseurs ou présumés acteurs d’écorçage. Barlow [300] a peint un hibou sur une souche de Chêne avec, à son pied, un geai mort et une multitude d’oiseaux volant autour. Booth [96] présente un geai au sommet d’une chandelle de Bouleau porteuse de carpophores. Chez Tikhmenev [33] un coq de Bruyère est posé sur un Pin face à un chablis. Un pic noir sonde un arbre mort [233]. Un perroquet vole entre les troncs calcinés (Tucker [308]).
Un écureuil est posé au centre d’une cavité et un mouton se repose au premier plan [181], alors qu’un autre écureuil grimpe sur un tronc moussu [142]. Sur une œuvre célèbre de Chichkine ([301], Pinon, 2018), ce sont des ours qui montent sur l’arbre cassé. Un grand ours est la cible d’un chasseur [275] près d’une chandelle partiellement écorcée. Un cerf campe devant un Bouleau mort [305]. Krieghoff a peint un caribou tué par un indien devant un Épicéa roussi [206]. Un élan campe dans une forêt totalement brûlée [307]. Järnefeldt [263] a peint des rennes près d’arbres endommagés.
Plusieurs scènes présentent des animaux domestiques, isolés ou en troupeau : moutons [159 et 170], chèvres [178 et 274], bovins [168, 201, 202, 220 et 306] ou plusieurs espèces [167, 273, 298 et 302]. Desportes [304] a peint un chien sensé garder les perdrix abattues, dont une pendant à une branche d’un Chêne étêté et en partie écorcé. L’incendie visible à l’arrière-plan de l’œuvre improbable de Cosimo [303] fait fuir un mouton et des oiseaux alors que les nombreux animaux exotiques et domestiques peints au premier plan ne semblent pas inquiets.
Conclusion
Ce sont principalement les adversités d’origine abiotique (vent et feu) qui sont illustrées par les peintres. Les adversités biotiques concernent essentiellement les champignons lignivores dont on voit les carpophores (certains bien représentés et identifiables) ou les altérations du bois qui en résultent. Aucune maladie du feuillage n’a été trouvée. Les maladies racinaires sont indétectables, mais sont parfois à l’origine des dépérissements ou des chablis qui ont été peints. Les déformations du tronc sont quelquefois illustrées, mais la cause en demeure inconnue. La seule maladie due à un champignon microscopique qui semble illustrée par plusieurs peintres est la rouille courbeuse du Pin. Sans être nommée, la graphiose de l’Orme est suggérée. La pathologie forestière étant à ses débuts à la fin du XIXe siècle (époque de la plupart des œuvres examinées), il n’est pas surprenant que la curiosité des peintres n’ait pas été aiguisée. Il est évident que les défauts peints sont majeurs et que les peintres ne se sont pas intéressés à des parties plus réduites comme les rameaux (aucun balai de sorcière) ou aux feuilles (ni cloques et macules). Les insectes ou leurs traces (perforation d’écorce, galeries) sont totalement absents. Plus évident, le gui est présent sur plusieurs toiles ainsi que des épiphytes. Comme souvent pour la forêt, les peintres les plus productifs sont Russes (Chichkine et Klever), Suisses (Calame et Diday) et Finlandais (Gallen-Kallela). Sur bon nombre d’œuvres, la vie (humaine et animale) contraste avec les dommages subis par les arbres.
Remerciements
Nous sommes redevables à Claude Delatour pour l’identification des champignons. Nous remercions les personnes nous ayant donné accès aux photographies de peintures : Mmes Francine Bouré (Musée des Beaux-arts de Reims), Katri Järvenpää (Reitz collections, Helsinki), Clare Marlow (Wolverhampton Art Gallery, Grande-Bretagne) et Maureen Huault-Gavaudo (Musée du Louvre).
Sites internet consultés :
http://www.artnet.fr/
https://artuk.org/
https://www.mutualart.com/
https://www.pop.culture.gouv.fr/search/list?base=%5B%22Collections%20des%20mus%C3%A9es%20de%20France%20%28Joconde%29%22%5D
Références
- Pinon, J. (2018). Les peintres russes : forêt, arbres et arbustes. Revue forestière française, LXX(1), 43–53. doi:10.4267/2042/68714
- Pinon, J. (2019). Les Chênes vus par les peintres. Revue forestière française, LXXI(1), 75–86. doi:10.4267/2042/70521
- Pinon, J. (2022). Les Pins vus par les peintres. Revue forestière française, LXXIII(5), 583–596. doi:10.20870/revforfr.2021.7109
Pièces jointes
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